Arash Derambarsh, élu en Île-de-France, travaille sur la question du gaspillage en France. Il propose des méthodes simples, comme le doggy-bag, pour lutter contre ce fléau.
Le dimanche 16 octobre est la journée mondiale de l’alimentation. En France, elle est également une journée de lutte contre le gaspillage alimentaire. Le gaspillage alimentaire est assez large, « on en a dans les supermarchés, les foyers, les hôpitaux, les cantines scolaires… », développe Arash Derambarsh, conseiller municipal Les Républicains à Courbevoie, devenu le « Monsieur anti-Gaspillage alimentaire » pour les Franciliens. Celui-ci dénonce un « problème culturel » empêchant de faire évoluer cette problématique et insiste sur la nécessité de « changer sa culture » de la consommation.
Une loi a été votée le 3 février pour lutter contre le gaspillage. « Chaque supermarchés jetait 50 kilos de nourriture consommable tous les soirs dans les poubelles. Cela représente 500 euros, et permettait de nourrir 100 personnes », explique Arash Derambarsh. Promulguée le 11 février, cette loi a notamment permis de balayer le scandale de l’eau de javel sur la nourriture.
10 millions de repas distribués
« N’importe quel citoyen peut créer sa propre association, obtenir l’habilitation et réclamer les invendus. Si le supermarché refuse, c’est une première dans le monde, c’est une amende de 3.570 euros. Depuis que la loi a été promulguée, plus de 3.000 associations ont bénéficié de cette loi et plus de 10 millions de repas ont été distribués », se félicite l’élu. Cette loi anti-gaspillage « coûte zéro euro au contribuable, zéro euro aux finances publiques, et cela bénéficie aux gens qui ont faim ».
La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a confié à Arash Derambarsh « une mission qui aura vocation a être un laboratoire pour tout le pays ». Le gaspillage provoqué par les 470 lycées d’Île-de-France représente chaque année 18 millions d’euros. L’élu a pour projet de travailler avec « ceux qui créent des applications, avec les associations caritatives », ou encore en remettant au goût du jour une pratique pour laquelle les Français sont réticents : le doggy-bag. « C’est un problème culturel », avance Arash Derambarsh, qui explique que les Anglo-Saxons et les Scandinaves l’utilisent beaucoup. « On ne peut pas se comporter de cette façon lorsque des gens ont faim », insiste le conseiller municipal.
Valérie Pécresse a demandé à l’élu de Courbevoie Arash Derambarsh, qui a milité avec succès pour l’adoption d’une loi sur les invendus alimentaires dans la distribution, de travailler sur la mise en oeuvre d’un grand grand plan de lutte contre le gaspillage alimentaire au sain du conseil régional et dans les cantines scolaires.
Consommation. À l’initiative de la loi contre le gaspillage, Arash Derambarsh était hier jeudi soir au Havre
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Arash Derambarsh, poursuit sa croisade contre le gaspillage (photo Le Parisien)
Arash Derambarsh, auteur du Manifeste contre le gaspillage (Fayard), couronné par le prix du livre politique Edgar-Faure (2015), donnait hier jeudi soir une conférence sur ce thème auprès de membres du comité de circonscription des Républicains. « Simple » conseiller municipal de Courbevoie (92), il est à l’initiative de la loi sur le gaspillage alimentaire bientôt de portée européenne.
Où en est votre lutte contre le gaspillage ?
Arash Derambarsh : « À peine élu conseiller en mars 2014, je mettais en place une initiative contre le gaspillage alimentaire auprès de supermarchés de la commune. En France, chaque soir, les grandes surfaces jettent en moyenne 50 kg de nourriture consommable, de quoi nourrir 100 personnes. Je lançais une pétition afin de permettre la distribution immédiate. Mais il fallait cristalliser l’opinion publique et créer un encadrement légal. Une loi sera finalement votée à l’unanimité le 9 décembre 2015 à l’assemblée nationale puis le 3 février au Sénat. Le parcours ne s’arrête pas là. En Europe 100 millions de personnes ont faim. Une pétition ayant recueilli 800 000 signatures devrait permettre de mettre en place une initiative citoyenne. Dans le même temps, un amendement sur le gâchis alimentaire a été adopté par le Parlement européen. Il nous faut la signature de Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne) afin de faire ratifier une loi par les états membres. »
Je me dois de renvoyer l’ascenseur
Plutôt que de recycler, le problème n’est-il pas en amont ?
« C’est le cœur du sujet. Mais il fallait cette loi pour stopper l’hémorragie. Les supermarchés jetaient la nourriture et récupéraient la TVA tout en prétextant la date de péremption pour mettre d’autres produits en rayon. Les deux perdants sont les agriculteurs qui vendent à perte et les consommateurs qui voient leur pouvoir d’achat fondre. Oui, il faut remettre à plat la production, la transformation, la distribution et la consommation. Je prépare un livre sur ce thème dont la sortie est prévue pour fin février 2017. »
Comment expliquer que vous soyez parti, un peu seul au monde dans une telle bataille ?
« On m’a souvent répété que c’était impossible. Mon parcours difficile est à l’origine de ce combat. Lorsque j’ai pris mon indépendance, étudiant, à 19 ans, je ne vivais qu’avec 800 € pour un loyer de 400 €. Soit trois semaines tous les mois à bricoler. La République m’a donné les outils pour réussir. J’ai soutenu ma thèse en droit, je serai prochainement avocat, je suis élu. Je me dois de renvoyer l’ascenseur à ce pays qui m’a fait grandir. Si possible dans l’intérêt général. C’est l’essence même du politique. »
Sollicité bien avant l’adoption de cette loi, un directeur d’hypermarché du Havre, lui reprochait de stigmatiser la grande distribution, notant au passage que son magasin assurait déjà le don de denrées alimentaires.
Que lui répondriez-vous ?
« Je ne m’adresse pas aux supermarchés qui font bien leur travail. Je m’adresse à tous les commerces. Je ne suis pas là pour mettre des bons points. Je ne dirais pas que ce directeur fait une bonne chose. Il fait juste quelque chose de normal. Je ne suis pas là pour stigmatiser mais poser un cadre juridique. »
Oui mais la grande distribution n’est pourtant qu’à l’origine de 5 % du gaspillage alimentaire…
« Effectivement. Mais aborder le débat de cette façon c’est mal le poser. Comme le fait souvent la grande distribution. Ce sont pourtant ces 5 % qui nourrissent les pauvres, les démunis. L’urgence est là. Les consommateurs sont responsables de 45 % du gaspillage. Mais ce n’est pas parce que vous n’allez pas finir votre assiette que vous allez le donner à quelqu’un dans la rue. Question de décence. Oui, il faut imaginer un autre projet de société. On passe alors dans le moyen voire le long terme. »
Arash Derambarsh (City councillor for Courbevoie – France) spearheaded the campaign against Food waste in France and Europe.
The politician who spearheaded the successful campaign to ban French supermarkets from throwing away unsold food has demanded the EU and the United States follow suit.
Arash Derambarsh, a municipal councillor for the commune of Courbevoie in Paris, believes only legislation can prevent such food waste by large supermarkets.
He told The Independent: « The problem is simple we have food going to waste and poor people who are going hungry. »
Now the law has passed unanimously through the French Senate, Mr Derambarsh is calling EU President Jean-Claude Juncker and President Obama to effect similar legislation.
« The only goal of supermarkets is to make money, I respect them as they employ a lot people and help the economy, » he said.
« However, today we got a lot of poor people – we have to change. »
Prior to the implementation of this law, French supermarkets received tax returns on all unsold food they threw away.
On opposition to his campaign, he said: « The supermarkets don’t like me but I don’t care.
« I’m elected, my only interest is the general interest. »
He has found support for his campaign across Europe, including from the Mayor of the Sweden’s Malmö, Kent Andersson.
On how he and his colleagues managed to get this law passed so quickly, he said: « We made this law thanks to Facebook and Twitter, our online petition and help from other deputies.
« But supermarkets did not take me seriously because I am ‘only a city councillor’. »
Mr Derambarsh explained that while official figures say there are 10 million people below the poverty line, he said there are hidden number of people who cannot afford three full meals a day.
While a law student, he said he felt « ashamed » that he couldn’t afford both lunch and dinner, which he said « created problems at university due to hunger ».
The councillor said many people suffer in silence with food poverty, even hiding it from friends and family.
He added: I want to call on President Obama, Hillary Clinton and Bernie Sanders to implement this law.
« We need the support of the US people to make this happen. »