Gaspillage alimentaire : Arash Derambarsh est bien à l’origine de la loi
Enquête – Blog Le Monde – 21 juillet 2015
Arash Derambarsh, élu municipal à Courbevoie, est à l’initiative de la loi sur le gaspillage alimentaire en France, voté à l’unanimité le 21 mai dernier à l’Assemblée Nationale. Toute la presse internationale a salué son travail.
Décidé d’aller plus loin, avec de nombreux soutiens de poids (la Croix Rouge française et Action Contre la Faim), il vient de s’engager dans une campagne européenne afin d’obtenir une directive européenne dans les prochains mois. Il espère faire voter une directive européenne avant la fin de l’année.
Mais alors que ce travail de terrain a été reconnu et salué par la grande majorité de l’opinion publique, il a pourtant été récupéré par Ségolène Royal le vendredi 10 juillet 2015.
Par deux tweets (« ma proposition » et « #LoiRoyal »), la ministre a mis en colère M. Derambarsh et ses nombreux soutiens. « Elle méprise le travail de terrain de centaines de bénévoles, et cette façon de faire de la politique est une imposture », affirme Arash Derambarsh. Certains y verraient une petite maladresse ; Lui, y voit plutôt une « vraie erreur politique » et ne tarde pas à le déplorer dans les médias. Ce n’est pas faute d’avoir demandé un rendez-vous. Mais l’élu de Courbevoie n’a jamais été reçu. Ségolène Royal étant visiblement « débordée de travail et indisponible ». Toutefois, faute de ne pas avoir obtenu une rencontre avec la ministre, Arash Derambarsh a tout de même avancé dans sa quête.
Loi Macron : Amendement déposé au Sénat.
Très présente et visible sur Twitter, soutien de la première heure d’Arash Derambarsh durant sa campagne municipale à Courbevoie, Nathalie Goulet a saisi l’opportunité de la loi Macron pour y faire glisser un amendement.
Celui-ci a été voté à l’unanimité par les sénateurs le 10 avril 2015. Toutefois, il ne concernait que les supermarchés de plus de mille mètres carrés et ne prévoyait qu’une simple « faculté » de distribuer les invendus consommables. L’obligation avait donc disparu.
Qu’à cela ne tienne, Arash Derambarsh cherche une nouvelle loi pour y glisser un amendement prévoyant l’obligation.
Deux amendements similaires déposés à l’Assemblée Nationale. L’un accepté, l’autre pas.
Guillaume Garrot n’est pas non plus à l’origine de cet amendement voté le 21 mai. En effet, il convient de connaitre les coulisses de cette affaire.
Par deux fois, Guillaume Garot exprime son opposition à la proposition d’Arash Derambarsh (Le JDD – 05 avril 2015 et Le Monde – 6 avril 2015).
Lorsque l’amendement a été voté au Sénat, Arash Derambarsh et le député Frédéric Lefebvre (UMP – Les Républicains) se concertent.
Il convenait d’obtenir plus qu’une simple faculté. C’est alors que la loi « transition énergétique » a pointé son nez dans les débats. L’occasion était trop belle pour la manquer. Il y avait une fenêtre de tir pour y intégrer un amendement.
C’est ainsi que le député Frédéric Lefebvre décide alors de déposer à l’Assemblée Nationale l’amendement « Arash Derambarsh », fondé sur sa pétition. Il le dépose en premier (Amendement 700).
Ayant appris cela, le député socialiste Guillaume Garot s’empressa de déposer aussi un amendement identique (amendement 900) une heure et demie après celui du député UMP (Républicains aujourd’hui).
Le groupe socialiste étant majoritaire à l’Assemblée Nationale, il était dès lors aisé d’écarter l’amendement de Frédéric Lefebvre au profit de l’amendement Garot, et de faire croire qu’il en était à l’origine. Ceci afin d’obtenir une couverture médiatique et un gain politique. Qu’importe d’ailleurs la conviction personnelle et l’opposition permanente à la proposition d’Arash Derambarsh (JDD et Le Monde).
Guillaume Garot n’était pas à son premier coup d’essai. Rappelons que le député Jean-Pierre Decool (UMP – Les Républicains) avait déposé une proposition de loi pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le 19 décembre 2014. Cette dernière avait finalement fait l’objet d’une « motion de renvoi » en commission. Monsieur Garot souhaitait coûte que coûte donner son nom à la loi.
Mais la persévérance et la force de frappe inouïe d’Arash Derambarsh a imposé l’ancien ministre délégué à l’agroalimentaire de se ranger sur sa proposition fondée sur la pétition de Change.org.
En effet, de nombreux ténors du PS ont demandé à M. Garrot de soutenir cette proposition (en exclusivité la lettre de Jack Lang à Guillaume Garot) ou encore les députés Alexis Bachelay et Pouria Amirshahi. Enfin et surtout, il y a eu le soutien de l’Elysée. Ainsi, le chef de cabinet adjoint, Christophe Pierrel et Philippe Vinçon (conseiller agriculture du Président de la République) ont reçu Arash Derambarsh et sa délégation, le 5 mai 2015, en présence de Guillaume Garot.
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