Pourquoi remettre en cause ce décés alors que les policiers ont toujours expliqué que le Malien de 38 ans s’était jeté la tête contre un mur de sa cellule ?
En effet, les policiers disent avoir entendu un bruit sourd. "Je me suis approché, j’ai constaté qu’il reculait vers le fond de sa cellule, tête baissée, il a foncé droit vers la porte, la tête la première", raconte le gardien. Des déclarations jugées convaincantes par le procureur de la République qui classe très rapidement l’affaire sans suite.
Mais la famille fait appel à un avocat, Maître Yassine Bouzrou, et dépose plainte. C’est le début d’une série de rebondissements. L’avocat va s’acharner à débloquer le dossier.
Premier coup de théâtre, une expertise de l’inspection générale des services (IGS), conduite à la demande de l’avocat de la famille, valide la thèse du mensonge concernant la caméra de surveillance défectueuse (obligatoire en garde à vue) soit disant à cause du précédent gardé à vue : "Vu la hauteur de la caméra fixée au plafond, elle est hors d’atteinte des gardés à vue, même en montant sur le banc", indique l’IGS. A nouveau interrogés en 2008, les policiers ont déclaré ne plus se souvenir précisément des faits. Aucun signalement de dégradation n’avait d’ailleurs été effectué.
Si ce n’était que ça…
Second coup de théâtre, il y a la réapparition "miraculeuse d’une partie du dossier médical, mystérieusement envolée. Les scanners et les originaux des observations des médecins, sont pourtant indispensables pour comprendre les causes du décès.
L’administration retrouve le dossier, classé "par erreur" aux archives, où personne n’avait pensé à aller le chercher. Il faut dire que Maître Yassine Bouzrou a fait pression en souhaitant porter plainte pour "vol de document".
Des "dysfonctionnements" reconnus par le parquet de Nanterre qui ne revenait toujours pas, début janvier 2009, sur le fait que "les médecins estiment que les lésions constatées sont compatibles avec l’hypothèse d’un choc contre un mur".
Troisième coup de théâtre, que dit le rapport des médecins de l’institut médico-légal de Paris ?
Ils relèvent "l’absence de lésion traumatique crânienne ou crânio-faciale par choc direct contre un plan dur".
Cela signifie que le témoignage du policier affirmant avoir vu le gardé à vue se jeter contre un mur est aujourd’hui jugé "peu compatible" avec les constatations médicales.
Le juge Philippe Courroye requiert donc la convocation de tous les policiers pour les confronter à ces expertises.
Si le mensonge se confirme, il est probable que l’affaire soit renvoyée devant la Cour d’Assises.
Conclusion :
Abou Bakari Tandia est mort il y a pratiquement cinq ans et la vérité n’est toujours pas là. Ce n’est acceptable dans une République digne de ce nom.
On a vraiment l’impression d’avoir une République à deux vitesses.
Faudra-t-il d’autres coups de théâtre pour obtenir la vérité ?
(Sources : TF1, Ligue des Droits de l’Homme, Le Monde.fr, Le Parisien.fr, Le Parisien.fr, MetroFrance.com, Amnesty International)
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